Qu'est-ce qu'un prix juste ? Par Johanne Ruyssen, Super Halle d'Oullins

Qu’est ce qu’un prix » juste » ? Johanne Ruyssen fait partie de l’aventure Super Halle depuis le début, elle nous parle de ce que signifie un prix « juste » et de ce que cela implique. 

La volonté de La Super Halle d’Oullins est de vendre à un « juste prix » pour l’ensemble des acteurs de la chaîne de commercialisation des produits : producteur, distributeur, transformateur et consommateur.

Or un juste prix ne veut pas dire un prix bas, on a tous dans la tête des “images prix”, par exemple un kilo de tomates à un euro ; mais d’où vient ce kilo de tomates, comment a-t-il été produit, par qui et dans quelles conditions ? Peut-on le comparer au kilo de tomates produit à moins de 80 km d’Oullins par une exploitation agricole à taille humaine et certifiée bio par exemple ?

La notion de prix est complexe, elle fait appel à un coût de production qui diffère largement d’un mode de production à l’autre (Ferme géante en culture sous serres du sud de l’Espagne versus exploitation maraichère d’1 hectare des Mont du Lyonnais) mais elle fait également appel à une « image prix » et c’est là qu’une grande part de subjectivité entre en compte.

« La perception des consommateurs diffère beaucoup de la réalité des prix chez les distributeurs alimentaires » est le constat du baromètre de l’image-prix réalisé pour la seconde fois par le cabinet Simon-Kucher & Partners. En effet, 80 % des répondants déclarent « toujours rechercher les meilleurs prix » dans le baromètre 2016, contre 77 % en 2014. Pour autant, malgré ce vif intérêt pour les prix, peu d’entre eux les connaissent réellement : 68,5 % des répondants faisant leurs courses en supermarchés ne connaissent pas les prix des produits qu’ils achètent (61,4% pour les hypers). [Julie Delavallée  – L’image-prix des enseignes alimentaires passée au peigne fin – LSA-CONSO]

« Cette notion de prix est une préoccupation constante au sein de La Super Halle d’Oullins, il s’agit en effet de ne pas pénaliser ni les producteurs, ni les consommateurs, ni les salariés, ce n’est pas un message évident à faire passer au grand public habitué au matraquage publicitaire des “ventes à prix cassés !” Ce qui explique sans doute pourquoi le commerce bio reste le privilège des classes moyennes. » [J. Ruyssen sur la Super Halle d’Oullins in « (Biens) Communs quel avenir ? » de Pierre Thomé Editions Yves Michel]

Il est de l’intérêt de tous de corriger cette méconnaissance générale sur les prix en se constituant une « référence prix » et non une image prix. Ainsi, le producteur communique sur son mode et son lieu de production, le distributeur sur ses choix de fournisseurs et d’intermédiaires, le transformateur sur ses approvisionnements et ainsi le consommateur peut engranger ces informations en lien avec le prix payé ; ce qui lui permet ensuite de comparer, en référence et non en image, sur d’autres lieux d’achats.

La Super halle d’Oullins est sensible à ces questions et nous essayons chaque jour de sensibiliser et d’informer au maximum sur nos choix.

Johanne Ruyssen, Super Halle d’Oullins (10 min de Lyon)

A lire : « La bio entre business et projet de société », 2012  – Sous la direction de Philippe Baqué aux édition Agone.

Crédit photo : Peter Caton Greenpeace Mai 2015