Autoroute A45 : le retour du serpent de mer, par Nicolas Aymard, du magasin de producteurs d'Oullins

L’A45 est un projet d’autoroute de 45 kilomètres qui relierait Saint-Étienne à Lyon. L’objectif serait de soulager l’actuelle A47 en termes de trafic et de densité quotidienne de véhicules.

Le projet vieux de plusieurs dizaines d’années (à l’instar de nombreux projets sources de polémiques en France actuellement), revient sur le devant de la scène.
En effet, fin avril, l’état à annoncé aux collectivités participant au financement de cette future autoroute que ce sera le groupe français Vinci qui la construira et en assurera l’exploitation durant 55 ans.

Nicolas Aymard, maraîcher bio associé au magasin de producteurs de la Super Halle vous fait part de son expérience :

« Un jour d’octobre 2010, nous visitions, ma compagne et moi, une ferme à reprendre sur la commune de Chagnon, dans la Loire, à 40 km d’Oullins, en prenant l’A47.

A l’époque, nous cherchions du terrain pour nous installer en maraîchage bio. Le producteur nous fait faire le tour des parcelles en nous expliquant les avantages et inconvénients de chacune en termes d’exposition, de possibilités d’irrigation, de qualité de sol.

Avant de venir le rencontrer, nous avions effectué une recherche sur la commune et ses environs en termes d’activité économiques, de vie culturelle… et des risques éventuels liés à l’industrie environnante ou à toutes autres formes de nuisances et pollutions.

Et nous avons été mordus par un serpent de mer. Ouille !!

Il s’appelle A45. Vous le connaissez peut-être. Il commence à être âgé, ce qui est normal pour un serpent de mer. Cet A45 devrait relier, dans un monde futur gris bitume et odeur gaz d’échappement, Lyon à St Etienne. Plus précisément, Brignais à La Fouillouse. C’est moins sexy. Il ferait donc doublon avec l’A47.

Et pourquoi pas A46 ? Déjà pris, il relie Anse à Chasse sur Rhône. Et A48 ? Lui, il relie Lyon à Grenoble. Et doit-on dire « un » autoroute ou « une » autoroute ?

Revenons à cette journée d’automne 2010. Alors, nous demandons un peu naïvement à l’agriculteur en question si le tracé du projet d’autoroute A45 doit passer dans les environs ? « Oui effectivement, il passerait sur mes parcelles qui sont là, à côté ».

Parcelles donc, si nous faisons l’acquisition des terrains de la ferme… nous reviendraient puisque dans le lot ! Avec la perspective éventuelle de les voir se transformer en bandes bitumées. Avec la perspective éventuelle de vivre avec une autoroute sous nos fenêtres dans quelques années !

Malgré la sérénité apparente de notre interlocuteur qui nous affirma que ce projet « j’en entends parler depuis 30 ans, il ne se fera jamais. », nous avons préféré passer notre chemin. Nous ne voulions pas prendre le risque de faire partie des 500 hectares de terres agricoles voués à la destruction en raison de ce projet.

Alors je ne veux pas lancer ici un débat sur l’euthanasie, mais franchement, laisser un pauvre animal (enfin pauvre… il coûterait 1,5 milliards d’euros financé à 70% par l’argent public… pour ensuite être géré par une entreprise privé, Vinci !), laisser ce serpent de mer vivoter dans des cartons et dans des esprits du siècle dernier n’est pas faire preuve d’humanisme. Il ne faut donc pas l’abandonner dans la nature, il pourrait retrouver son chemin et refaire surface. Pardonnez ma violence mais il faut plutôt l’achever.

Ainsi pourraient être libérés nos paysages de toutes ces banderoles « non à l’A45 » qui environnent nos villages. Ainsi pourrait être retirée cette épée de Damoclès d’au-dessus de la tête de nombreux paysans. Ainsi pourraient s’installer de nouveaux paysans sur des terres libérées de ce danger. Ainsi pourraient être respectés les engagements que prend notre pays : COP 21, Grenelle de l’environnement… Ainsi pourrait être mis en place un renforcement du train entre Lyon et St Etienne. Ainsi pourraient être misent en place des solutions alternatives de mobilité…

Donc, si vous entendez parler de ce serpent de mer… grondez !! »

Nicolas Aymard, producteur bio à Chaussan (69), 35 km de Lyon

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A deux pas de Lyon, la Super Halle d’Oullins rassemble sous un même toit un magasin de producteurs locaux en vente directe, une épicerie bio et un restaurant-traiteur de cuisine du marché. Découvrir le concept.