Les paysans de la Super Halle ont choisi, dès l’origine, de privilégier la recherche de petites fermes pour compléter la gamme de produits que nous pouvons vous proposer en vente directe producteurs.
Cette volonté est en cohérence avec notre engagement de développement d’une agriculture paysanne, respectueuse des humains et de l’environnement.
S’il n’existe pas de définition précise de ce qu’est une petite ferme, leur importance est démontrée et leur développement devrait être encouragé et soutenu par les pouvoirs publics de tous niveaux, local, régional, national et européen (grâce à une Politique Agricole Commune réorientée bien sûr).
Surtout à une époque où l’actualité nous montre tous les jours les injustices et les drames auxquels conduisent le choix politique d’une agriculture intensive en intrants et en capitaux, consommatrice d’énergie polluante et d’eau, destructrice en termes d’environnement et d’emplois et qui se veut exportatrice pour nourrir l’humanité (elle n’y arrive pas).
Revenons à l’importance des petites fermes et confrontons-nous tout d’abord à l’écueil mentionné plus haut, la définition : qu’est-ce qu’une petite ferme ?
Propositions de définition
naïve : une petite ferme est un lieu constitué d’une habitation pour loger la famille et de bâtiments utilisé pour le travail agricole, le tout entouré de prairies et de champs.
foncière : une ferme peut être considérée comme petite lorsque son parcellaire n’excède pas 2ha, ou 10ha, ou 0,8ha ?
capitaliste : une petite ferme appartient à une personne physique ou morale qui peut la faire fructifier elle-même mais qui, le plus souvent car il est gentil, permet à autrui, moyennant un modique loyer, de l’exploiter.
néo-libérale : une petite ferme est un ensemble de moyens de production constitué de biens matériels, c’est à dire se dépréciant au fil du temps et donc à la charge de l’ouvrier, et d’un bien immatériel, la terre, qui au contraire prend de la valeur au fil du temps et qui appartient donc à une personne (im)morale, souvent une grande société.
subversive : une petite ferme est un ensemble cohérent entre l’objectif de production, la capacité à atteindre cet objectif avec le moins d’intrants* possibles (autonomie), le nombre de paysans nécessaire et l’objectif de revenus de ces paysans de la dite petite ferme. Elle participe au dynanisme rural et à l’entretien des paysages.
paysanne : une petite ferme est un lieu de production alimentaire destinée à la population locale. Elle est généralement tenu par couple et fait appel principalement à la main d’oeuvre familiale.
urbaine : une petite ferme est un espace collectif créé sur une friche industriel en milieu urbain et réinvesti par la population du quartie à des fins d’autosuffisance alimentaire.
OMCiste : une petite ferme est une aberration. Elle doit se développer pour être compétitive et devenir grande ou l’inverse.
Faisons œuvre collective et envoyez-moi vos propres définitions (par mail contact@lasuperhalle.fr) ou au magasin : je suis de permanence tous les vendredis après-midi). J’en ferai la synthèse dans une prochaine lettre !
L’agriculture familiale
Pour la suite de cet article, admettons que « petite ferme » rime avec « agriculture familiale** » et voyons son importance dans le paysage agricole mondial.
L’agriculture familiale représente l’écrasante majorité du monde agricole avec 500 millions de fermes de moins de 2ha (84% des fermes). Elle fournie l’essentiel de la force de travail agricole mondiale de par les actifs familiaux : 40 % de la population mondiale vit de l’agriculture, soit 2,6 milliards de personnes dont 1,3 milliards d’actifs. Ce sont les agricultures familiales qui créent donc le plus d’emplois.
Par comparaison, les grandes exploitations agricoles (plus de 50 ha) avec recours au travail salarié représentent seulement 1 % des exploitations dans le monde et n’emploient que quelques millions de personnes.
Notons aussi qu’elle assure 70% de la production agricole mondiale et garantit ainsi largement la sécurité alimentaire. Le paradoxe est que les deux tiers des personnes qui souffrent de malnutrition sont des petits paysans. Et si nous cherchons l’erreur… nous la trouverons dans l’agriculture industrielle exportatrice qui prive de débouchés ces paysans incapables de fait de tirer des revenus de leur travail.
Nous pouvons aussi ajouter à l’actif des petites fermes qu’elles réussissent mieux à produire de la biodiversité et à l’utiliser, à entretenir les paysages, à contribuer à l’économie locale, à offrir des possibilités de travail et à promouvoir la cohésion sociale (beaucoup de paysans sur un même territoire créent forcément plus de liens que s’ils ne sont que deux ou trois comme c’est déjà malheureusement le cas dans beuacoup de communes).
Il ne faut pas oublier non plus qu’elles contribuent déjà et peuvent encore largement aider à inverser la tendance dans la crise climatique.
Un dernier élément pour la route mais difficile à étayer par manque d’études de synthèse (ou alors je ne les ai pas trouvées) : les petites fermes sont 2 à 12 fois plus productives que les grandes exploitations !
Nicolas Aymard, producteur bio à Chaussan (69), 35 km de Lyon
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*ici, nous entendons ce terme comme tout produits, et pas seulement les pesticides et amendements comme généralement compris, ne pouvant être produit sur la ferme et devant être acheté.
**Le CIRAD définie l’agriculture familiale comme se caractérisant par le lien organique entre l’unité de production et la famille exploitante, par opposition à l’agriculture entrepreneuriale dont le capital appartient à des acteurs déconnectés de l’activité productive.
Sources :
– étude CIRAD de 2014 « Les agricultures familiales du monde »
– GRAIN : « Affamés de terres : Les petits producteurs nourrissent le monde avec moins d’un quart de l’ensemble des terres agricoles ».
Pour aller plus loin :
CIRAD : www.cirad.fr
Plateforme Alimenterre : www.alimenterre.org
A deux pas de Lyon, la Super Halle d’Oullins rassemble sous un même toit un magasin de producteurs locaux en vente directe, une épicerie bio et un restaurant-traiteur de cuisine du marché. Découvrir le concept.
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