Nicolas Aymard est installé en maraîchage bio à Chaussan (69) à 35 min de Lyon. Il nous explique, avec des mots simples, l’importance du sol en agriculture et les méfaits de l’utilisation de la chimie sur la fertilité des sols.
« Mon collègue Piero a évoqué la météo dans un récent article (Lire l’article en cliquant ici).
Je vais vous entretenir d’un deuxième facteur extrêmement important pour nous autres paysans : le sol.
Le sol dans lequel ce que l’on mange pousse… la terre quoi !
Pourquoi je dis le sol et pas la terre ? Disons que la terre est la fraction minérale du sol qui est aussi composé d’une fraction organique.
Le sol, ou plutôt les sols, sont en danger !
Les pratiques agricoles intensives sont un des facteurs qui bouleversent la biodiversité et donc le fonctionnement des sols.
Nous entendons souvent parler des agriculteurs comme des « gestionnaires bon père de famille », du « bon sens paysan », ou qu’ils ont « les pieds sur terre » ou autres figures de style. Cette rhétorique veut montrer qu’il est évident qu’ils prennent soin du bien le plus précieux qu’ils aient, pour eux et pour les générations suivantes.
Eh bien non ! Pas du tout.
Les sols se meurent du fait de l’utilisation des pesticides et engrais minéraux. Plus haut, je vous ai dit qu’il y a une fraction organique dans le sol. C’est à dire des végétaux en décomposition, des animaux, des champignons et des bactéries.
Comment les végétaux entrent-ils en décomposition ? Grâce à ces animaux, champignons et bactéries qui «mangent» ces végétaux.
Mais si on utilise des pesticides, nous tuons aussi toute la faune du sol qui depuis des milliers d’années l’enrichit et nous a permis jusqu’à présent de cultiver des céréales, des fruits ou des légumes.
La fertilisation minérale, comme l’azote en granulé, est aussi un facteur d’appauvrissement des sols car sans apport organique, elle facilite et augmente les problèmes d’érosion.
A contrario, le principe de l’agriculture biologique est de prendre soin des sols car ce sont eux qui vont nourrir nos plantes que nous mangerons ensuite.
Pour cela, les paysans bio utilisent du fumier et du compost pour enrichir nos sols. Ils luttent contre les insectes indésirables grâce à la biodiversité. Par exemple, entretenir des haies et des herbes comme l’ortie aux abords des champs pour abriter des oiseaux et des insectes tels que les coccinelles, les syrphes et compagnie qui se régaleront de pucerons, chenilles et autres araignées rouges.
Plus un sol est riche et complexe, plus il apportera aux plantes éléments minéraux et oligo-éléments. Ce qui leur permettra d’être résistantes aux attaques des prédateurs et ensuite d’être bons pour le palais et la santé des humains qui finiront par les manger ! »
Pour aller plus loin :
http://www.resogm.org/spip.php?article173
http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosbiodiv/?pid=decouv_chapC_p5
http://www.gessol.fr/content/biodiversite-la-vie-cachee-des-sols
http://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/72480_7021la_vie_cachee_des_sols_a5.pdf
http://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/ademe-et-vous-90-magazine.pdf
Nicolas Aymard, producteur bio à Chaussan (69), 35 km de Lyon
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