Piero, le producteur local de fromage de brebis (Sainte Catherine – 38km de Lyon) de notre magasin de producteurs, nous parle de l’importance de la météo dans le passionnant métier de paysan.
« La vie de paysan et son expression au quotidien, quelque soit la production est étroitement liée à la météo. Il existe une corrélation particulière entre pratiques agricoles et cet intouchable changement de chaque jour. Paradoxe de tous les instants, il n’y a pas une journée sans que cet inaccessible plafond coloré conditionne nos activités, nous enchante par son accord, nous angoisse par son devenir.
Baromètre, pluviomètre, télé, radio, voisin,site internet divers, les moyens de dompter et de devancer la destinée de Mr ciel font partie intégrante de notre métier. Mais comme bien souvent être en connaissance de la météo de demain, c’est savoir le temps qu’il aurait dû faire. L’agriculteur comme tout à chacun se laisse surprendre par ce caprice inaccessible et doit se résigner à ne pouvoir rien changer.
Trois jours de beau et les discussions tournent à l’angoisse de la sécheresse. 30 mm de pluie et on dit que cette année manque de soleil. La météo est au centre de nos activités, on en parle à chaque instant, à chaque rencontre tellement le temps qu’il fait impacte notre quotidien.
En un orage de 5 min, c’est la récolte d’une année qui peut être à mettre au fumier, trop d’eau les cerises éclatent, pas d’eau le maïs est rachitique. Alors que faire…..rien. Mais on essaye toutes les techniques pour dompter notre plafond d’azur: Les hirondelle volent bas il fera beau pendant 15 jours, le chant du coucou est tardif, attention aux gelées, c’est la bise, beau temps, si il pleut à la st Médard il pleuvra trente jours plus tard….. Moi personnellement quand je fais du foin, c’est: un cierge à Fourvière, je ne chante plus, je croise les doigts, me mets en short pour me faire croire que c’est l’été et je souffle fort sur les nuages menaçant. Et là il ne pleut pas ou parfois il pleut!
Tout ça pour dire que pour moi la météo c’est un peu mon patron. Elle me dit quand faire et que faire. Parfois elle me satisfait, parfois elle me contrarie. Elle me rappelle que je ne peux pas tout maîtriser, qu’il faut accepter des phénomènes et ses torts qui ne sont pas de notre ressort et que l’on ne peut attribuer à personne.
Pour finir ce bavardage je vous laisse découvrir un passage d’un bouquin de Paul Auster qui résume cette relation particulière à la météo et qui finira très bien mon propos!
« Si tu te trouves à court de choses à dire, aborde le sujet du temps qu’il fait. Les cyniques considèrent ce sujet comme banal, mais il est vrai qu’aucun autre n’incite aussi bien à la conversation. Prends la peine d’y réfléchir un instant, et tu découvriras le caractère métaphysique, voire religieux, de l’intérêt porté à l’arrivée de vents froids ou à l’accumulation de neige tombée. Le temps qu’il fait, c’est le grand égalisateur. Personne n’y peut rien, et il nous affecte tous de la même manière -riches et pauvres, Noirs et Blancs, bien portants et malades. Il ne fait aucune distinction. Quand il pleut sur moi, il pleut aussi sur toi. Contrairement à la plupart des problèmes auxquels nous avons à faire face, ce n’est pas une situation créée par l’homme. Cela vient de la nature, ou de Dieu, ou d’autre chose, quel que soit le nom que tu veux donner aux forces que nous ne maîtrisons pas dans l’univers. Discuter du temps qu’il fait avec un inconnu, c’est lui tendre la main et ranger tes armes. C’est un signe de bonne volonté, un témoignage d’humanité partagée avec la personne à qui tu parles. » »
Piero
Mano et Piero, producteurs à Sainte-Catherine (69), 38 km de Lyon
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